L’année 2020, qui restera dans la mémoire de toute l’humanité avec la pandémie mondiale de la Covid 19, le restera également dans celle de nombreux habitants de l’Arc méditerranéen.
Quatre événements ont ponctué cette année hors-norme avec successivement, la tempête Gloria en janvier, l’inondation brutale de certains quartiers d’Ajaccio en juin (voir p 86), des crues majeures sur les cours d’eau situés au pied du Mont-Aigoual en septembre, puis, en octobre, les crues tout à fait exceptionnelles dans l’arrière- pays niçois en lien avec la tempête Alex.
Le 22 janvier 2020, la tempête Gloria frappe l’ensemble des littoraux d’Occitanie, de PACA et de Corse
Elle provoque des dégâts directs en raison des rafales de vents, et génère également des ondes de tempêtes, trains de vagues importantes qui peuvent envahir les zones littorales.
Celles-ci, fortement utilisées par les activités humaines et en particulier par des infrastructures touristiques ou de villégiatures, sont les plus vulnérables.
Depuis la catastrophe majeure de La Faute-sur-Mer en Vendée des 27 et 28 février 2010 lors de la tempête Xynthia, la submersion marine est devenue un aléa d’avantage pris en compte par les pouvoirs publics dans la gestion des territoires.
À Argelès-sur-mer (66), la plage du Racou
et ses lotissements en bord de mer,
une nouvelle fois envahis par les vagues
et leur écume.
Photos : BRGM*.
Pluies extrêmes dans les Cévennes
Le 19 septembre, des précipitations d’une rare intensité s’abattent au pied du Mont-Aigoual. Le cumul le plus important s’élève à 720 mm en 24h sur Valleraugue (30), dont 360 mm en 3 heures seulement.
Ce cumul rappelle celui, encore plus important, enregistré sur ce secteur en 1900 (950 mm en 10 heures), sans toutefois l’atteindre.
Ce sont sur les bassins supérieurs de l’Hérault et du Gardon de St Jean que les crues sont les plus spectaculaires Elles font d’énormes dégâts sur les voiries et provoquent le décès de 2 personnes.
Inondations hors-normes dans les Alpes-Maritimes
Le 2 octobre, alors que la tempête Alex affecte l’Europe occidentale, des pluies intenses s’abattent sur le piémont du Mercantour dans l’arrière-pays niçois. Le cumul maximal des précipitations atteint 500 mm en 24 heures à St Martin-Vésubie.
Deux affluents du Var (la Tinée et la Vésubie) et un fleuve côtier (la Roya) entrent alors en crue avec une violence tout à fait inédite dans les chroniques. Dans un territoire au relief très vif, les crues submergent ou érodent les berges et endommagent ou détruisent totalement plus de 1 600 habitations et plus de 35 km de routes. Huit ponts sont détruits. Par endroits, les lits majeurs de ces rivières sont totalement remodelés.
Un mois après l’événement on comptait huit victimes et encore onze personnes disparues.
La Vésubie cause des dégâts considérables à St-Martin-Vésubie (où la Madonne et le Boréon se réunissent pour former la rivière), Roquebilière, Lantosque
ou St-Jean-la-Rivière.
Là où le lit majeur se dessine dans d’étroites gorges rocheuses, les hauteurs d’eau
et leurs vitesses deviennent considérables. Ailleurs, là où les berges sont constituées
de roches tendres comme d’anciennes moraines déposées par les glaciers il y a des
milliers d’années, l’érosion est extrême. Par endroit l’affouillement fait reculer les
berges de plusieurs dizaines de mètres, déchaussant et emportant tout ce qui s’y
trouvait. Ici à St-Martin-Vésubie, la crue du Boréon a coupé des maisons d’entre-deux
guerres ; d’autres ont failli subir le même sort à quelques mètres près.
De son côté, la Roya sème la désolation à Tende, St-Dalmas-de-Tende, Fontan, Breil-sur-Roya jusqu’à son embouchure en mer à Vintimille.
Comme dans la Vésubie, tout le territoire, relié au littoral par un cordon routier en fond de vallée, est totalement coupé du monde. Seule une noria d’hélicoptères et la voie ferrée, construite en hauteur et donc préservée, permettront, pendant des semaines, de maintenir un lien avec l’extérieur.
A Breil-sur-Roya, la rivière a enseveli d’eau et de boues ces voitures situées tout contre l’église, place Biancheri.
Photo Florent Adamo – CEREMA*
A Tende comme plus
en aval dans la vallée,
des ponts et des tronçons de la RD 6204 qui relie
la commune au littoral, n’ont pas résisté.
Photo Florent Adamo – CEREMA*