Les Alpes françaises sont exposées à ce que l’on, appelle des “retours d’est”, précipitations qui proviennent par débordements du versant italien du massif et qui selon la température peut amener de la neige ou de la pluie.
En ce mois de juin 1957, de fortes précipitations, avec un pic sévère le 13, s’abattent sur plusieurs secteurs alpins comme la Tarentaise, les Alpes-Maritimes mais surtout le Queyras (05), berceau du bassin versant du Guil, affluent de la Durance.
Elles ont également coïncidé avec un redoux qui a fait fondre une partie d’un épais manteaux neigeux laissé par un hiver prolongé.
Le Queyras se retrouve totalement isolé. Beaucoup d’infrastructures sont détruites comme la voie ferrée et beaucoup de ponts.
Des villages sont engloutis par des crues torrentielles extrêmement chargées en matériaux solides.
Récit d’un témoin
« Les souvenirs, ils restent gravés…
Dès l’après-midi on a commencé à protéger les berges en haut du village. Mais contre l’eau on ne peut pas faire grand-chose. Les gabions* qu’on mettait étaient tout de suite entraînés. On scrutait le ciel avec angoisse, attendant la moindre éclaircie, espérant que la pluie et la moiteur allaient enfin cesser. On courait à travers le village en disant “le torrent saute, il va sauter d’un instant à l’autre”. Très rapidement, nous avons pris conscience que le Cristillan allait déborder et nous avons évacué avant qu’il n’y ait des blessés. Nous sommes donc allés nous réfugier à la Clapière avec nos bêtes. Le soir, des embâcles* se sont formés en amont du village et nous n’avons pu l’empêcher d’inonder Ceillac. Quand le pont a cassé, ça s’est déversé de chaque côté.
Le lendemain des hélicoptères de la protection civile sont venus chercher les femmes et les enfants. On a fait notre baptême de l’air ! L’eau est restée 13 jours dans le village, il y avait des torrents à trois endroits. On ne s’attendait pas à ça.
On a mis tout l’été à nettoyer le village. Mais on a gardé le moral grâce au Service Civil, y’ avait quelqu’un qui nous aidait. «
Dans les années 1950, la photo aérienne, qui s’est considérablement perfectionnée lors de la seconde guerre mondiale, va pouvoir offrir une nouvelle forme de regard sur les inondations et leurs conséquences.